La créatrice du blog La révolution des tortues Anaelle Sorignet s’insurge, dans son livre On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou, contre une écologie tiède récupérée par le capitalisme. Elle se demande surtout comment passer de la lutte contre le changement climatique à la construction d’un monde plus soutenable. Entretien.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
J’ai écrit ce livre alors que je traversais une sorte de crise de l’engagement. J’étais en colère, triste et me sentais impuissante face à l’aggravation du réchauffement climatique. L’inertie collective, la politique des petits gestes qui ne résout rien, a fini par m’épuiser, me dévitaliser. J’ai compris qu’il fallait traverser ces émotions au lieu de les fuir. Comme de nombreux militants écologistes, je me suis je jetée dans l’action peut-être pour éviter de ressentir la peur. Je me suis mis beaucoup de pression car les enjeux sont si importants. Il est aussi très facile de s’y perdre. C’est en effet impossible d’être parfait en tout. Nous sommes prisonniers d’un système qui nous a conduits dans le mur. J’ai compris que lutter contre ce système ne sert à rien. J’ai choisi d’explorer une voie plus constructive qui passe par l’acceptation du monde tel qu’il est. C’est une première étape avant de décider de mettre son énergie à construire le monde que l’on souhaite à notre échelle.
Le retour à l’essentiel est un chemin qui consiste à se demander où l’on souhaite mettre son énergie
Comment retrouver un second souffle écolo ?
L’écologie peut être une voie de développement personnel à condition de faire un chemin vers soi. Le retour à l’essentiel est un chemin qui consiste à se demander où l’on souhaite mettre son énergie. Il s’agit de recontacter ses motivations et ses désirs profonds pour contribuer par l’expression de ses talents naturels à l’équilibre du monde. Un collectif harmonieux est composé d’individus équilibrés et inversement. Notre monde souffre d’une uniformisation qui touche les êtres humains comme l’ensemble du vivant. Nous avons besoin de diversité, de nous sentir utiles dans le domaine qui est important pour nous : la culture, l’éducation, la biodiversité pour construire un monde plus soutenable.
Nous sortirons de la société de consommation, quand nos achats ne viendront plus combler notre sensation de vide
Quel message souhaitez-vous transmettre dans ce livre ?
Pendant des années, j’ai cherché à tout comprendre pour tenter de maîtriser le monde qui m’entoure. Je ne suis plus obsédée par la fin du monde, depuis que j’ai recontacté mon élan de vie qui guide aujourd’hui mes actions. Cela demande du courage car cela nous pousse à nous écarter de la majorité, mais le besoin de cohérence est un besoin fondamental. Je pense que nous sortirons de la société de consommation, quand nos achats ne viendront plus combler notre sensation de vide. On voit bien que la conscience de l’urgence écologique ne suffit pas à calmer nos pulsions acheteuses. Quand nous faisons de la place à ce qui compte pour nous, quand nous nous écoutons, alors le besoin de consommer est moins fort. Cette prise de conscience doit nous encourager à nous alléger et à incarner nos rêves et nos valeurs. Il ne s’agit plus de convaincre mais d’incarner le changement. On peut changer le monde de multiples façons. L’expression de nos talents libère notre pouvoir d’action.
A lire : On ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou, 14,90 euros